Les Mammouths : une époque préhistorique encore bien ancrée dans les mémoires

À l’occasion du match au sommet face à Toulon -samedi à 20h40 au Stade des Alpes- dernière rencontre à domicile de la saison, le FCG rendra hommage à ses fameux « Mammouths ». Cette équipe de légende, dont le pack d’airain a littéralement marché sur ses adversaires pendant plusieurs saisons, sera réunie sur la pelouse du SDA à la mi-temps du match. L’occasion de revoir et d’applaudir cette génération dorée du rugby grenoblois qui aurait pu (qui aurait dû ?), ramener le bouclier de Brennus au bord de l’Isère… 

Fabrice Landreau, il y a tout juste 20 ans.

Fabrice Landreau, il y a tout juste 20 ans.

Le FCG a eu deux périodes fastueuses dans son histoire, celle du titre de champion de France de 1954 et la finale perdue en 1993.
De 1992 à 1995, les Grenoblois font trembler tous les stades de rugby de France avec leur paquet d’avants: la presse les appellera « les Mammouths ».

Fabrice Landreau, jeune talonneur à l’époque, aujourd’hui manager du club, se souvient de cette époque glorieuse.

Cette réputation, l’entraîneur de l’époque Jacques Fouroux en est à l’origine. Arrivé en 1992 à Grenoble, il décide de mettre des « gros » voire des  « très gros » pour privilégier la conquête et la puissance. Un choix tactique dont il a fait sa spécialité quand il était sélectionneur de l’équipe de France de 1981 à 1990, celle qu’il a mené jusqu’à cette fameuse finale de coupe du monde 1987 perdue face aux All Blacks.
Sous ses ordres de 1992 à 1994, le pack grenoblois dépasse les 900 kilos, chose commune aujourd’hui mais rare à l’époque. « Le FCG était une véritable attraction du fait de ses gros gabarits » se souvient Fabien Sgarra, journaliste sportif au Dauphiné Libéré. « Il n’y avait que des géants à l’époque avec Olivier Merle dit « l’homme et demi », ou Grégory Kacala le polonais du club avec sa crinière blonde et son allure de Rahan ». Fabien Sgarra raconte avec nostalgie comment ce pack s’était construit une réputation de «démolisseur».

Dominique Mazille a eu la chance d’être le demi-de-mêlée qui « cornaquait» ces fameux Mammouths.

« Certes, c’étaient des brutes mais aussi des beaux gosses, explique Serge Adler, ancien journaliste qui suivait a l’époque le FCG pour le Dauphiné Libéré. Quand ils sortaient du bus pour aller aux vestiaires, ils étaient fringants dans leur costumes cintrés. Mais sur le terrain c’était autre chose, c’était des bêtes sauvages d’où leur surnom, les mammouths ! »

« L’arbitre, Daniel Salles porte bien son nom! »

Malheureusement, cette génération brillante du FCG n’a pas ramené de bouclier de Brénus dans la capitale des Alpes, alors que le titre de champion de France lui a été « volé », comme le considère encore aujourd’hui tous les proches du club.
Cette finale du 5 juin 1993 reste un traumatisme pour Fabrice Landreau.

L’objet de cette «injustice», c’est l’essai accordé à Castres en deuxième mi-temps par l’arbitre Daniel Salles. Pourtant, juste avant que le tarnais Gary Whetton ne marque, Franck Hueber avait bel et bien applati dans son en-but. D’après le règlement, l’arbitre aurait dû à ce moment là, siffler un renvoi au 22 mètres pour les Grenoblois afin qu’ils dégagent le ballon. Dans l’action de jeu, F. Hueber relâche la balle après l’avoir écrasé au sol jusqu’à ce que le néo-zélandais s’en saisisse pour donner cinq points aux castrais.
Ce n’est que 13 ans après que l’homme en noir a reconnu son erreur. «Daniel Salles porte bien son nom. Il a sali cette finale» explique Fabien Sgarra.  Les Grenoblois vont même jusqu’à accuser la Fédération Française de Rugby (FFR) d’avoir fomenté la défaite du FCG.
En effet, en 1993, Jacques Fouroux était candidat à la présidence de la FFR en concurrence avec le président sortant Bernard Lapasset, aujourd’hui président de l’International Rugby Board (La Fédération internationale de rugby).

13 ans après, le « hold up » du Parc des Princes, l’arbitre déballe son sac

En 2006, lorsqu’il a sorti ses mémoires, Daniel Salles avoue avoir été sous l’influence des supporters d’Agen. Leur club a été éliminé par Grenoble en demi-finale, la même année. Les agenais se plaignaient  du jeu des isérois. Et, hasard des choses, l’arbitre en question est originaire du Lot-et-Garonne. Des doutes subsistent encore quant à la pertinence d’avoir choisi Daniel Salles pour diriger la finale. Un match auquel participait l’équipe qui a battu son « club de coeur», Agen, comme il le dit lui-même dans son livre. Des soupçons traînent au-dessus de Bernard Lapasset, ancien joueur du SUA (Sporting Union Agen) et René Hourquet, président de la commission des arbitres. Mais D. Salles dit n’avoir jamais reçu de consignes de leur part.

Le mal est fait, et les Grenoblois ont essayé à plusieurs reprises en 20 ans, de panser cette plaie en remportant le précieux bout de bois, le titre de champion de France. Ce ne sera peut-être pas pour tout de suite mais le FCG monte crescendo. Surtout depuis 2010 et sa 6e place de Pro D2 obtenue cette année là, jusqu’à leur maintien en TOP 14 assuré il y a quelques mois. De bon augure pour la suite.

Gauthier Dupraz

Vidéos : Fabien Touati

 

 

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